LES "LUMIERES D'ALTERION" ou "LES TERREURS DE LA CAVERNE" selon Jean- Claude DIEBOLT
Présentation en parallèle d’un plan de traité métaphysique et de sa version romancée
« Terreurs de la Caverne » reprend pour une part l’Allégorie développée par Platon dans le Livre VII de « La République ». N’est retenue que l’ascèse pour conquérir un jugement rigoureux, en se débarrassant des « ombres » projetées sur les murs de cette prison, préjugés incrustés en nous sous l’influence de modèles culturels et de coutumes aveugles.
Paraît ici un premier écart par rapport à Platon : les « ombres » ne sont pas la déformation d’Idées intelligibles à atteindre, mais elles procèdent d’une double « terreur », par quoi elles se relient au langage, non à un ciel idéel préexistant.
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D’une part, comme « nous avons été enfants avant que d’être hommes » (Descartes), les usages de notre langue maternelle ont véhiculé dans nos échanges des confusions inaperçues qui s’opposent à juger rationnellement. Les mettre entre parenthèses le temps de réviser nos affirmations par une analyse méthodique du sens déclenche une angoisse, la terreur de perdre son identité culturelle. Ce qui est d’abord langagier dévoile à la réflexion une dimension passionnelle articulée à des tabous sociaux : l’autonomie de jugement terrifie, nous paralyse, lorsqu’on entre en butte avec des clichés et croyances dominantes.
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D’autre part, acquérir des conceptions fondées se développe en connaissances. Or, s’initier aux sciences mène à les distinguer de savoirs érudits qui ne déterminent pas de structures aux domaines qu’ils étudient, collectant des données qu’ils ne peuvent que relater par descriptions précises mais non explicatives. Parmi les sciences à réhabiliter pleinement, la sociologie complète la psychologie de l’inconscient de refoulement (terreur passionnelle de réveiller un traumatisme) par la mise en évidence d’une aliénation idéologique, source de la seconde terreur, « descendante » celle-là. Les pouvoirs politiques et économiques s’organisent en dominations d’élites sur des sujets à gérer en fonction de leurs intérêts privés, génèrent des fabulations et des normes qui pèsent sur les consciences en fabulations terrorisantes à professer.
Ainsi, la Caverne ne se propose pas d’établir quel est le meilleur régime politique, mais observe que tous les régimes institués ont, chacun à leur façon, normalisé et veillé à perpétuer des inégalités injustes, infondées, rationalisées par la terreur de leur doctrine idéologique. La troisième Partie du Traité initie alors une recherche sur les possibilités d’infléchir travail et citoyenneté (après le Chapitre 2 de la 2° Partie sur les transmissions scolaires et culturelles), de manière à résorber les deux terreurs qui paralysent le développement de collectivités humaines apaisées, coopératives, solidaires –laissant ouverte la question de la faisabilité de tels défis…
« Terreurs de la Caverne » a été démarré vers 2010. La 1° Partie, une fois rédigée, a été soumise à une amie ethnologue et physicienne, qui l’a estimée hermétique, trop peu accessible. D’où l’idée d’une version romancée, ayant enseigné longtemps la littérature en même temps que la philo. Il est vite apparu que les besoins de scénariser un récit, de le doter de personnages crédibles écartait de la linéarité de développements conceptuels ; et que l’idéalité des analyses rendait inaccessibles les objectifs que l’on pouvait se fixer politiquement et économiquement, tels accéder massivement aux connaissances, réformer formations et métiers, résorber les injustices.
Mes projets, tant métaphysique que littéraire, s’ils sont surdimensionnés, à la limite du faisable, s’enracinent cependant à un terreau professionnel. Outre l’enseignement de sciences humaines en Ecole Normale, des expérimentations pédagogiques répétées, assumer une mission dans un cabinet ministériel sur les innovations solidaires m’a permis de rassembler une base de données de quelques 4 millions d’entreprises innovantes. Les résistances auxquelles je me suis heurté, mon impuissance à faire reconnaître ces ressources méconnues, m’ont éclairé sur des forces appliquées à maintenir leurs privilèges. La documentation qui en a résulté m’a encouragé à mettre au point un scénario romanesque.
Toutefois, recourir à des compagnons de route qui ont constitué autour de moi l’association Cheminements Solidaires multipliait les personnages, rendant aussi malaisée la lecture romanesque que la précision conceptuelle rendait hermétique le Traité métaphysique.
Et en dépit de la matière mobilisée pour servir les actions de « Chemins », la taille dérisoire et l’anonymat de ces acteurs ne faisait pas le poids face à une situation mondiale, aux dirigeants dotés de moyens gigantesques…
En ont résulté des Edéniens, rationnels et justes : les pionniers de Chemins ont diagnostiqué par les échanges avec eux qu’ils manifestaient un profil « kantien » -leur rigueur et leur vertu éthique correspondant aux deux Critiques, de la Raison Pure et de la Raison Pratique. Par eux, le Projet formateur qu’ils déposeraient auprès de l’Union Européenne allait se voir financé.
Contrainte incontournable : suivre au mieux le plan du traité métaphysique impliquait de réserver au moins les 6 premiers Chapitres, aux sujets les plus austères ! A partir du Tome 4, le passage au travail, aux pouvoirs, aux passions, autorise à prendre des distances avec le véridique qui est de mise pour une véracité de fiction couvrant les années 2018 à 2020. Et puis, la science-fiction instructive de ma saga reproduit les références abondantes de Platon aux mythes !...
DE L'OMBRE A LA LUMIERE
Retrouver le plan de traité métaphysique et sa version romancée en 3 parties